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n° 6
Adriaen Pietersz. van de Venne
Delft 1589-1662 La Haye
Samson et les philistins
Plume et encre brune, lavis gris, rehaut de blanc, les contours incisés, traits d’encadrement à la plume et encre brune.
9,7 x 12,9 cm
Provenance :
Probablement Pierre Fontaine (1762-1853), puis son gendre Symphorien-Louis Meunié (1795-1871).
Collection privée, Belgique.
Adriaen van de Venne était à la fois dessinateur,
peintre et poète. Il fut l’un des principaux
illustrateurs de livres de poèmes et d’emblèmes
du Siècle d’or hollandais. Issu d’une famille aisée
originaire de Lier dans les Flandres ayant émigré
aux Pays-Bas septentrionaux, il naît à Delft en
1599. Envoyé à Leyde pour apprendre le latin, il
y découvre aussi le dessin et la peinture. Après un
passage dans l’atelier du peintre et orfèvre leydois
Simon de Valck, il poursuit son apprentissage chez
Hieronymus van Dients, peintre spécialisé dans les
grisailles. Vers 1614, il s’installe à Middelburg où il
demeure jusqu’en 1624, y rejoignant son père mais
également son frère Jan Pietersz, lui-même éditeur,
imprimeur et marchand d’art. Les deux frères
collaborent fréquemment ensemble produisant
de nombreux livres. Le nom de van de Venne est
étroitement associé à celui de Jacob Cats (15771660), l’un des plus importants écrivains hollandais
du dix-septième siècle qui fit illustrer un grand
nombre de ses ouvrages par l’artiste.
Aucune gravure n’est connue d’après le présent
dessin, alors que les contours ont été soigneusement
incisés pour un report sur la planche gravée. Il est
probable qu’il s’agisse d’un projet d’illustration
finalement abandonné. Deux des principaux
ouvrages de Jacob Cats illustrés par van de
Venne mentionnent la mort de Samson aux mains
des philistins et la trahison de Dalila. Il s’agit de
Hovwelyck and Trou-ringh, publiés respectivement
en 1625 et 1637. Dans les deux livres, les illustrations
de Van de Venne mesurent approximativement
10 x 13 cm, ce qui correspond aux dimensions de
la présente feuille.
Tout comme David Vinckboons (1576-1629), van
de Venne a l’habitude d’employer la plume, l‘encre
brune et le lavis gris pour ses dessins destinés à être
gravés. Mais, plus encore que le flamand duquel
il est parfois rapproché, il s’attache à détailler
tous les éléments de sa composition. Il crée une
composition extrêmement fouillée où les formes
s’entrechoquent et où les les détails et expressions
ne sont pas dénués d’humour. D’une grande
précision, la graphie de van de Venne rappelle l’art
de la miniature. La manière dont l’artiste suggère
le jeu de la lumière sur les volumes en variant
l’intensité du lavis strictement limité aux formes et
en anticipant de ce fait le travail du graveur, est
d’une remarquable subtilité.
Le dessin était monté au dos d’une feuille
d’explication d’un ouvrage des architectes Charles
Percier et Pierre Fontaine. Ce dernier avait réuni
une importante collection de tableaux et dessins
dont certains étaient montés de la même façon.
La collection passa à la mort de l’architecte à sa
fille Anne-Sophie et à son mari Symphorien-Louis
Meunié, lui-même architecte. Par descendance,
la collection fut transférée au cours du vingtième
siècle en Belgique.