BP-catalogue2023#Final - Flipbook - Page 32
n° 9
Charles-Alphonse Dufresnoy
Paris 1611-1668 Villiers-le-Bel
L’Adoration des Mages
Sanguine, plume et encre brune, lavis brun et gris, mise au carreau à la sanguine et
à la pierre noire, collé en plein sur un montage italien du dix-huitième siècle.
Inscription à la plume et encre brune, en bas à droite “ pusin ”.
27,3 x 33,7 cm
Provenance :
Probablement Adrien Manglard (1695-1760), avec numérotation “ n° 100 ” sur le montage et paraphe de sa succession
au dos du montage.
Deux dessins de même composition mais de plus
petites dimensions, traités librement à la plume et
lavis brun sur des traits de sanguine, sont reproduits
dans la section des rejetés du catalogue raisonné
de l’œuvre dessiné de Nicolas Poussin (1594-1665)
par Pierre Rosenberg et Louis-Antoine Prat1. L’un
est au Staatliche Graphische Sammlung de Munich
(Fig. 1)2 , l’autre au Musée des Beaux-Arts de
Rennes ( Fig. 2)3. Les deux feuilles sont rendues,
tout comme un ensemble d’autres qui avaient été
regroupées sous le nom de “ Maître de Stockholm ”,
en 1996, par Jacques Thuillier4, puis Sylvain
Laveissière5 à un artiste de l’entourage de Poussin
dont la personnalité artistique n’a que depuis
relativement récemment été redécouverte, CharlesAlphonse Dufresnoy. Plus récemment, Guillaume
Kazerouni a mis en rapport les dessins de Rennes
et de Munich avec un tableau connu uniquement
par une illustration en noir et blanc d’un catalogue
de vente (Fig. 3)6. L’illustration ne permet pas de
savoir s’il s’agit d’un original ou d’une copie mais
confirme néanmoins que Dufresnoy a peint une
Adoration des Mages qui reprend fidèlement la
composition du présent dessin.
Celui-ci n’aurait pu être attribué à Dufresnoy s’il
n’était de manière évidente en rapport avec les
feuilles de Rennes et de Munich, tant il diffère de ce
que l’on connaissait jusqu’ici des dessins de l’artiste.
Il est, en effet, de dimensions plus importantes et
d’une facture bien plus achevée. Alors que sur les
dessins caractéristiques de l’artiste, c’est le travail
au lavis brun qui prime, sur la présente feuille,
ce sont les contours précis à la sanguine qui se
remarquent, tandis que l’artiste a utilisé pour le
fond un lavis gris aux tons nettement moins forts
que le lavis brun qui se distingue sur les feuilles
de Rennes et de Munich mais également sur tant
d’autres de l’artiste. Le présent dessin permet donc
d’appréhender une nouvelle facette de l’œuvre
dessiné de Dufresnoy.
L’inscription “ pusin ”, le montage aux deux bandes à
la plume et encre brune ainsi que la numérotation
au recto de celui-ci et le paraphe au verso sont
caractéristiques des dessins ayant fait partie de la
collection du peintre Adrien Manglard qui comptait
plus sept mille cinq cent feuilles7. Il possédait ainsi
un grand nombre de feuilles de Charles Mellin
(1597-1649), un autre artiste de l’entourage de
Poussin, qui portent pour la plupart des inscriptions
similaires “ pusin ”. La collection fut proposée à
la vente à Rome suite au décès de Manglard et
Natoire fut l’un des principaux acquéreurs. La part
de la collection qui ne s’était pas vendue à Rome,
fut mise aux enchères à Paris, à partir du 7 juin 1762.
P. Rosenberg et L.-A. Prat, Nicolas Poussin 1594-1665. Catalogue raisonné des dessins, Milan, 1994, II, nos. R616 et R1036.
Inv. 3150. Il mesure 14,7 x 18,4 cm.
3
Inv. 794.1.2528. Il mesure 14,2 x 18,6 cm.
4
J. Thuillier, “ A propos de Charles-Alphonse Du Fresnoy : du ‘ Maître de Stockholm ’ au ‘ Maître de Cassel ’ ”, Revue de l’art, n° 111, 1996, p. 56-57
5
S. Laveissière, “ Les tableaux d’histoire retrouvés de Charles-Alphonse Dufresnoy ”, Revue de l’art, n° 112, 1996, p. 50.
6
G. Kazerouni, dans cat. exp. Dessiner pour créer. Feuilles françaises des XVIe et XVIIe siècles du musée des Beaux-Arts de Rennes, Rennes, Musée des Beaux-Arts, 2014, p. 136 sous n° 55, fig. 1.
Le tableau est connu par une découpure à la documentation des Peintures du Louvre, qui ne porte pas d’indication quant à la date et au lieu de la vente.
7
Voir. J.-F. Méjanès, dans cat. exp. Les collections du comte d’orsay : dessins du Musée du Louvre, Paris, Musée du Louvre, 1983, p. 87.
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