BP-catalogue2023#Final - Flipbook - Page 6
Le carnet, l’un des plus anciens connus qui soit sur
papier et non sur parchemin4, servait probablement
d’archive visuelle d’un atelier d’artiste et constituait
un répertoire de formes qui pouvait être utilisé
comme modèle pour des peintures, des sculptures
ou des broderies. Le dessinateur s’est, dans chacun
des dessins connus, attardé à représenter avec
précision les draperies, tandis que les têtes ne sont
que rapidement esquissées.
L’identité de l’auteur du carnet a donné lieu à
plusieurs suggestions. Janos Scholz, qui possédait
une feuille probablement de la même main5 mais
ne provenant pas du carnet, proposait d’y voir
une œuvre de Lorenzo Monaco (1370-1424), en
comparaison avec un célèbre dessin des Offices6.
Poursuivant la même idée mais prenant en compte
les différences stylistiques entre les feuilles du carnet
et celle des Offices, I.Q. Van Regteren Altena
attribuait le carnet à Mariotto di Nardo (actif
entre 1390 et 1425 environ) dont le style tardif fut
inspiré de Lorenzo Monaco7. Bernhart Degenhart
et Annegrit Schmitt8, quant à eux, rapprochaient
les feuilles du carnet d’un retable peint dont des
fragments sont au Musée Fesch d’Ajaccio (Fig. 2)
et à la Fondation Cini à Venise. Ces panneaux sont
attribués à un artiste anonyme actif en Ombrie
dans le dernier quart du quatorzième siècle que
Roberto Longhi a nommé le Maître du Crucifix
5
d’argent. Récemment, Gaudenz Freuler9 a suggéré
les noms d’artistes actifs entre Lucca, Pise et Sienne
au début du quinzième siècle, comme Taddeo
di Bartolo (1362-1422), Martino di Bartolomeo
(1389-1434) et le sculpteur siennois Francesco
Valdambrino (vers 1375-1435).
The present sheet is a rare surviving example of
the graphic activity of Italian artists at the turn of
the fourteenth and fifteenth centuries. It was part
of a sketchbook, now dismembered, of which four
other sheets are known: in the Staatliche Graphische
Sammlung, Munich1, in the Rijksmuseum, Amsterdam
(Fig.1)2, and two of unknown current location3. All
appear to have come from the collections of the
Dukes of Savoy-Aosta and, shortly after World War II,
belonged to the Francis Matthiesen Gallery in London.
Originally, as shown in one of the now preserved
drawings, the sheets showed four figures in two
registers and measured approximately 27 x 20 cm. The
present drawing, like two others, has been cut and now
shows only two figures on one register. The Amsterdam
sheet shows only one figure, a quarter of the original
sheet. Most sheets were drawn, like the present one,
on both sides. All are executed in the same technique
of pen and brown ink on paper partially prepared
with red. At least three of the preserved sheets show a
fragmentary watermark of three mounts with a cross
that can be related to another catalogued by Briquet
Aujourd’hui New York, Morgan Library, inv. 1974.30 ; J. Scholz, op. cit., 1961, sous n° 89.
Inv. 11E ; cat exp. Fra Angelico to Leonardo. Italian Renaissance Drawings, Londres, British Museum, 2010, n° 4.
7
I.Q. van Regteren Altena, op. cit., 1965, sous n° 1.
8
B. Degenhart et A. Schmitt, op. cit., 1968, I, pp. 140-141 et figs. 193-195.
9
Cat. exp, Zürich, op. cit., 2013-2014, p. 17.
6